Rue 454

Rue 454, c’est le « restaurant des enfants des rues ».

Si on parle chiffre, ce sont plusieurs dizaines de kilos de riz par jour pour nourrir 200 à 250 enfants, 1500 pains par mois. Deux repas servis et pour certains enfants, un troisième qu’ils emporteront le soir  pour repartir dans leur rue. 150 000  repas donnés depuis sa création en février 2010,  par  Yves Jacquin Depeyre, homme d’affaire français.

Si on parle juste, cette maison, inspirée de l’esprit des « restos du coeur » est une vraie respiration pour ces jeunes qui n’ont pour vivre leur vie d’enfant que la rue, sa misère et ses dangers. Un refuge sécurisant dans le quartier paisible de Toul Tumpong. Appuyé par une équipe totalement khmer, il fonctionne de 7h à 14h chaque jour. Mais il n’est jamais trop tard pour pousser la lourde porte et quelque soit l’heure, les enfants savent qu’ils pourront toujours se préparer une assiette.

Lorsque nous arrivons ce matin pour rencontrer Monsieur Chhiv, ce qui  étonne le plus c’est la tranquillité du lieu, malgré la vingtaine d’enfants présents à ce moment. Après s’être inscrit sur le registre d’entrée, méthode simple pour vérifier si ils savent écrire, et s’être lavé les mains, ils peuvent choisir leur plat, à base de riz ou de pâtes, de viande et de légumes.

Puis chacun va faire sa vaisselle.

Les enfants trouvent aussi là, de quoi se doucher, laver leur linge, jouer, dessiner, 

…dormir. Pour eux qui n’ont d’autres horizons que le bitume et la poussière, les nuits ne sont que cauchemars.  Épuisés par le manque, de sommeil, de nourriture, de soins, d’hygiène élémentaire, ils peuvent, ici, un court instant rentrer leur griffe et s’abandonner à un vrai repos.

Depuis peu l’association s’oriente vers le soutien à la scolarisation, avec un système de parrainage.  20 kgs de riz par mois sont donnés à la famille en échange de l’engagement d’une scolarité régulière.

Selon l’association Friends (chiffres de 2009) ce sont quelques 600 enfants qui vivent dehors à Phnom Penh, ayant peu ou pas de contact avec leur famille. Ils seraient également entre 10 000 à 20 000 à travailler dans la rue, et entre quelques centaines et quelques milliers  de familles entières n’ont aucun toit, et dorment sur des nattes posées à même le trottoir, ou dans des hamacs tendus entre deux arbres (nombre qui fluctue en fonction des saisons).

Sorita, 13 ans,  dormait dehors il y a encore quelques semaines avec sa soeur et son frère.Un jour, elle a écrit à Monsieur Chhiv, une lettre expliquant qu’elle voulait rester là, qu’elle avait peur là bas, sur le trottoir, les jeunes filles sont des proies fragiles aux prédateurs de la rue. Elle est hébergée depuis dans l’une des 6 places d’urgence que l’association met à disposition pour les filles comme Sorita, qui n’en peuvent plus de ne pas pouvoir rêver.

Après le repas, Visnea repart au travail, récupérer les bouteilles plastiques dans sa carriole, il les vendra pour quelques centimes de riels à un récupérateur.

 

Monsieur Chhiv nous conduit ensuite dans la maison d’en face, le « restaurant des bébés ». 

Les nourrissons sont pris en charge jusqu’à leur 13 mois, lait, biberons, mais aussi moustiquaires, sont donnés à 65 bébés en moyenne par jour.Tout est pensé, rien n’est laissé au hasard. Le lait est distribué à la maman qui doit ouvrir aussitôt la boite, une manière de s’assurer qu’elle  ne sera pas revendue une fois repartie. Une nouvelle boite n’est fournie que si la vide est rapportée. Les bébés sont pesées dès leur arrivée, une « nounou » donne des conseils, réconforte, et note les données dans un cahier de suivi. (tiens ça me rappelle quelque chose !) 

La nounou du centre

Sur les murs s’affiche l’histoire de chacun, témoignage pour ne pas les oublier. Une photo, une légende, un concentré de vies fracturées, de peurs, de souffrance. Prostitution. Infection par le Sida. Alcoolisme. Toxicomanie. Violence. Parcours terrifiant de la grande misère. 

Nancy, née le 11 septembre 2012 à 2kgs100, 7kgs aujourd’hui ! 
Ratanak et sa maman
La prise en charge terminée, une boite est conservée avec la photo de l’enfant et quelques notes de son passage

Mais si nous sommes allées rencontrer Monsieur Chivv ce matin, Laurence et moi, c’est avant tout pour réfléchir ensemble au problème majeur qui se pose pour nous à l’orphelinat de Kien Kleang. 

Depuis quelques mois, les enfants ont faim. De 17h leur dernier repas, à 11h le lendemain leur premier ils n’ont rien d’autres et partent à l’école le ventre vide. Même plus l’assiette de riz froid qui leur permettait malgré tout de tenir la matinée. Malgré les promesses de monsieur vinaigre, (mérite pas la majuscule!) arraché par la force de centaines de kilos de riz, rien ne s’améliore, voire tout se détériore. A croire que l’approche de sa retraite en septembre lui fait stocker autre chose que ses cannes à pêches et ses boutures de lotus…Une solution se dessine, pour apporter au moins un petit déjeuner aux plus jeunes. L’objet d’un prochain post…  

Pour en savoir plus sur le restaurant des rues et les soutenir: http://www.wacambodia.com/EN/index.aspx

Données de l’association « Friends international »:http://www.friends-international.org/french/aboutkids/scww-cambodia.asp?mainmenu=aboutkid&page=Streetchildrenworldwide

Pour se rappeller qui est monsieur vinaigre:http://blogdemarieo.blogspot.com/2011/09/monsieur-vinaigre.html

 

Bookmarquez le permalien.

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