Samedi 26 janvier : départ pour Koh Kong en mini van. Steffen, Sagath, Marion et moi nous nous levons aux aurores. Avant de prendre la route, nous devons passer par Kien Kleang récupérer tous les cartons et les trois ordinateurs du container, destinés à l’orphelinat.
Steffen est allemand, il nous aide depuis plusieurs mois à Kien kleang. Son calme, son pragmatisme sont précieux. Sagath, jeune étudiante cambodgienne, est notre interprète « préférée ». Son sourire, sa douceur mettent rapidement les enfants en confiance. Elle nous apprend beaucoup sur la culture khmère, sur ses méthodes éducatives, ses croyances.
Les kilomètres défilent, nous nous arrêtons : les voitures se font bénir et les passagers aussi. Nous nous dégourdissons les jambes en prenant des photos. L’encens, les prières, les chants lancinants des moines enveloppent les voyageurs qui se recueillent autour des mini temples installés sur le bord de la route poussiéreuse. Plus tard et plus loin, la halte déjeuner sera la bienvenue.
Lequel est le nôtre?
Dès notre arrivée, nous déposons nos bagages à l’APEX guest house. Notre amie Sopheap nous y a réservé des chambres. Ils nous font des prix spéciaux Eléphant Blanc. Sopheap est médecin à l’hôpital de Koh Kong. Elle connait bien les enfants de l’orphelinat dont elle surveille régulièrement la santé. C’est toujours un grand plaisir de la retrouver.
Nous louons des motos et direction l’orphelinat. Comme toujours, les enfants, accompagnés de Thary la nounou, nous accueillent les mains jointes « tchoumrip soue » (« bonjour »). Le centre est comme on s’y attendait, très bien entretenu, pas un papier par terre mais des fleurs partout. Les enfants participent à toutes les tâches. Tous, même Titi le plus jeune qui n’a pas encore 5 ans ! Chacun sait plier son linge qu’il va chercher sur l’étendoir à l’abri du soleil sous le kiosque. Thary gère son groupe d’une main de fer mais le gant n’est hélas pas toujours de velours et les enfants la craignent. Les entretiens individuels que nous avons menés nous l’ont confirmé. Une éducation à l’ancienne dans laquelle les claques, les coups de baguettes, les cris fusent vite, Thary ne connait que celle-là. C’est dommage car elle a de grandes qualités d’organisation. Nous devrons réfléchir à une solution comme par exemple la présence constante de bénévoles afin d’éviter « toute dérive éducative ».
A peine dans le centre, nous déchargeons le mini van, aidés par les grands. Les ordinateurs sont soigneusement rangés sous le lit de Thary dont la chambre ferme à clé. Ils devront attendre la construction de la salle d’étude prévue pour les enfants. Puis c’est la distribution de sucettes accompagnée des chants de bienvenue, du plus classique « Savez-vous planter les choux » au plus actuel, le grand succès du moment « Gangnam Style ». Le chauffeur du mini van s’installe avec nous et improvise une animation avec les enfants avec comme récompense, les fameuses sucettes. Les adultes craquent aussi, c’est vrai qu’elles sont délicieuses.
Même la présidente a eu droit à une sucette et même des fleurs !
Dès le lendemain nous mettons en place les entretiens. Sur 23 enfants nous en avons rencontrés 18. Les plus jeunes comme Titi auraient eu du mal à répondre à nos questions. Steffen et Sagath restent avec les plus jeunes et nous avec les plus âgés. Installés autour de la table, les plus petits dessinent avec un grand plaisir en attendant leur tour. Les entretiens se sont déroulés sur deux jours.
La veille de notre départ, nous ouvrons les cartons. Sopheap est présente car nous avons beaucoup de matériel pour l’hôpital à lui donner… mais aussi un carton de peluches pour le service pédiatrique. Thary voyant cela sort d’un placard des vieux cartons remplis de médicaments, de tests de grossesse et de tests de glycémie. La déception de Sopheap est grande : ce matériel, oublié depuis trop longtemps est périmé. Elle estime la perte à plus de 600 dollars. D’où provenaient-ils? Probablement de la venue du précédent container, il y a plus de deux ans.
Les cartons qui ont le plus de succès auprès des jeunes sont les jouets, bien sûr ! Chacun y trouve son trésor, le montrant à son camarade, l’échangeant ou le partageant. Les groupes s’organisent vite autour des jeux, les plus grands expliquant aux plus petits.
Puis Thary distribue les sacs d’école, les trousses et les serviettes de toilette. Elle répartit aussi en autant de petites bouteilles les grands flacons de shampoing. Pendant ce temps- là, aidées de Sopheap, nous achevons les derniers entretiens.
Chacun son petit flacon…
Enfin pour terminer, nous donnons à chacun, les 23 « trucs à bulles » achetés l’après-midi lors de notre promenade dans la forêt de mangroves. Les bulles s’envolent, explosent, des petites, des grandes au milieu des enfants soufflant et riant tous ensemble.
Quand nous les quittons, Thary assise sur le lit de la chambre des filles guide les jeunes rassemblés autour d’elle, dans leur choix des vêtements provenant d’un des autres cartons.
Moment de paix,de joie, de jeux, au milieu des sourires et des rires, nous nous éclipsons doucement sur ces jolies images.
« Tchoumrip plie » (« au revoir »), nous reviendrons très vite promis!