Ce dimanche, Sovann, notre éducateur, nous a invités dans son « home land ».
Phnom Penh n’est pas une si grande ville que cela, il suffit de s’éloigner de quelques kilomètres et enfin retrouver des paysages, des villages, une campagne vivante. Il y a la ville et non loin le vert des rizières. Entre les deux pas de banlieues, car la ville s’étend comme une pieuvre et avale tout sur son passage.
C’est à vingt kilomètres que vit la belle-famille de Sovan.
On dépasse l’aéroport, on prend la route de Sihanoukville, et après avoir avalé une poussière grise et orangée on vire à gauche pour pénétrer dans un de ces complexes où des usines se construisent à l’infini. Ce sera un passage obligé pour rejoindre après cinq bons kilomètres d’une zone industrielle, le début d’une piste rouge qui nous conduira vers le village de Chan Thorn, la fiancée de notre ami.
Vingt kilomètres fatigants… Il faut être aux aguets à chaque instant en moto, pas le droit à l’erreur. Une fois dépassées les usines de textile on aperçoit enfin les rizières. Son village réunit 200 familles, tous les jours Chan Thorn se rend à l’usine avec sa mère pour fabriquer des pièces de pantalon. Entre 40 et 60 heures par semaine pour 85 dollars mensuels.
Le village abrite une école, un lycée et une pagode. La vie est celle de paysans, les vaches vivent en dessous des maisons, à l’arrière les cochons et tout autour les rizières. Arriver dans ce monde silencieux, trouver ce rythme séculaire est presque un miracle, un oasis dans ce fatras qu’est la ville qui s’approche et menace.